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Repenser la sécurité routière pour sauver plus de vies

Alors que le nombre de tués stagne, celui des blessés ne cesse d’augmenter. Aussi est-il temps que la sécurité routière renoue avec une vision politique globale et structurée, estime Maître Vincent Julé-Parade dans une tribune au « Monde » (Tribune publiée dans Le Monde le 1er août 2021).

Au lendemain du rapport de la Cour des Comptes et à l’heure des départs en vacances, il est impératif de nous interroger sur l’avenir de la politique publique en faveur d’une meilleure sécurité routière.

Vingt ans après l’élévation de la lutte contre l’insécurité routière au rang de cause nationale par Jacques CHIRAC, que reste-t-il de l’efficacité de cette politique publique ? Le nombre de tués stagne, les volte-face des dernières années ont semblé sonner la fin d’une cohérence nécessaire.

Depuis 8 ans, la France connait un « palier » du nombre de tués, mais une augmentation du nombre de blessés. Le renforcement perpétuel du contrôle-sanction automatisé semble montrer ses limites.

Il est indispensable que la sécurité routière redevienne un volet de la politique publique à vision longue, globale, et structurée.

Parmi les propositions formulées par la Cour des comptes, la réorganisation de la Délégation à la Sécurité Routière dans l’échiquier gouvernement m’apparait être un point essentiel bien que très technocratique à priori.

Aujourd’hui, la Sécurité routière se retrouve reléguée au rang de direction du ministère de l’Intérieur. Elle doit retrouver sa dimension interministérielle. Seule une action coordonnée entre l’ensemble des ministères concernés (ministère de l’Intérieur certes, mais également de l’Écologie et des Transports, de la Justice, sans oublier l’éducation nationale, la jeunesse, mais aussi l’économie) permettra de redonner une vision globale et pérenne à cette politique publique. Pour ce faire, il convient d’aller plus loin que la préconisation de la Cour des comptes et de rattacher directement la Délégation à la Sécurité Routière au Premier ministre.

L’heure n’est plus aux déclarations d’intention à l’occasion de ponctuels Comités interministériels, mais à l’organisation d’un plan d’action global.

Il est tout aussi essentiel d’axer la communication autour du nombre de blessés graves.

Si la route tue moins aujourd’hui, elle blesse plus, elle mutile et brise des vies. Elle touche plus certaines catégories d’usagers notamment les piétons et les cyclistes. La seule référence au nombre de tués est aujourd’hui dépassée. Parler des blessés graves, c’est aussi et surtout parler du bilan humain dramatique permanent. Je reste convaincu que le poids des conséquences corporelles de l’insécurité routière pourrait, de plus, favoriser l’adhésion collective souhaitée par la Cour des comptes.

Certes, la peur du gendarme doit naturellement être maintenue, voire renforcer s’agissant de l’alcool au volant. Mais pour ce faire, il faut nécessairement plus de moyens humains pour assurer l’efficience des contrôles. Là encore, la Cour des comptes appelle fort justement à un renforcement de la présence des forces de l’ordre sur le bord de nos routes. De même, le rôle du système pénal doit aussi être accentué. Dernier maillon de la chaine contrôle-sanction, qu’il me soit permis de considérer qu’il lui reste encore à faire pour le voir jouer pleinement son rôle.

Les grandes mesures visant le comportement des conducteurs ayant été prises, le plus dur reste à venir : œuvrer non plus sur une cause majeure qu’était la vitesse, mais lutter contre une multitude de causes variées. L’explosion de l’usage du smartphone, mais aussi la nouvelle répartition des catégories d’usagers, l’explosion de la pratique du vélo dans l’espace urbain en sont des illustrations.

Comme le rappelle fort justement la Cour des comptes, il est indispensable d’œuvrer pour une meilleure combinaison des trois facteurs utiles à la sécurité routière : comportements, infrastructures, véhicules.

Les collectivités territoriales, qui ont à gérer la majeure partie du réseau routier doivent jouer pleinement leur rôle. Les investissements visant à l’amélioration des infrastructures dans un but de préservation de la vie en cas d’accident doivent être pour ces dernières une priorité.

S’il est tout aussi indiscutable que l’amélioration constante des véhicules et des dispositifs de sécurité a joué et continue à jouer un rôle dans l’abaissement du nombre de victimes tuées, il est aussi indiscutable que cette évolution s’accompagne également d’une augmentation du nombre de victimes grièvement blessées qui conserveront des séquelles à vie de l’accident qu’elles ont subi.

Acteur associatif engagé pour la Sécurité routière avant de devenir avocat des victimes, je souhaite que la voix de la Cour des comptes puisse être entendue et suivie. Je suis persuadé que de meilleurs résultats sont possibles, mais au prix d’une remise en cause du modèle actuel, d’un effort collectif et en premier lieu politique.

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