Jehanne COLLARD est décédée la semaine dernière.
La justice perd une grande avocate, les victimes un éminent défenseur.
Jehanne était une référence pour certains. Elle était un modèle et un mentor pour moi. Le petit monde du droit du dommage corporel compte parmi ses membres un certain nombre d’avocats aujourd’hui reconnus qui ont fait leurs armes aux côtés de Jehanne COLLARD.
Elle a formé, inspiré mais aussi bousculé l’ordre établi en luttant pour redonner aux victimes une vraie place dans le système judiciaire. Pour tout cela, il nous faut la remercier mais aussi se souvenir de sa volonté et de ses combats.
Je n’oublierai jamais la première rencontre avec celle qui était alors notre avocate, à mon père et moi. C’était en décembre 1995, quelques semaines après la mort de ma mère. Pour nous, Jehanne COLLARD s’est battue, a plaidé avec fougue et talent pour obtenir une juste sanction à l’égard du chauffard. En retour, mon père, puis moi, l’avons suivie dans ses combats et ses engagements. A la Fondation Anne Cellier tout d’abord, au sein de Victimes et Citoyens ensuite. Lors des colloques aux quatre coins de la France, lors des actions de prévention dont elle était le cerveau. Ce goût de l’action et du combat fut et demeura contagieux.
C’est à Jehanne COLLARD que je dois ma vocation pour la robe noire. A 13 ans à peine, Jehanne est devenue un modèle. Jehanne prit ce rôle de mentor à bras le corps, sans modération, comme elle en avait l’habitude. Le raisonnable était une notion bien lointaine pour elle. Seule la passion la guidait.
Jehanne m’a suivie, m’a porté et surtout m’a tant apporté.
C’est encore à Jehanne que je dois mes débuts dans la profession, les premières années fondamentales d’apprentissage. C’est encore à elle que je dois l’aversion profonde pour l’injustice, pour la transaction indemnitaire au rabais.
Pour tout cela, je tiens à la remercier.
Nous autres, avocats, devons impérativement garder en mémoire ses enseignements et continuer la voie qu’elle a tracée.
