Les derniers chiffres du mois de juillet, publiés par la Sécurité routière, apparaissent à première vue encourageants. Le nombre de tués et de blessés diminue, pour partie en raison de la réduction du trafic routier. Néanmoins, ces chiffres encourageants, laissent transparaître en arrière-plan des contrastes saisissants, pour ne pas dire inquiétants.
Si le nombre de tués et blessés diminue, la mortalité chez les jeunes demeure constante. Depuis plus de 20 ans, les politiques successives de lutte contre la mortalité routière chez les jeunes ne parviennent pas à obtenir des résultats. Ils comptabilisent toujours deux fois plus de tués et deux fois plus de mutilés.
Selon Maître Vincent Julé-Parade, avocat spécialiste de la défense des victimes de la route, « les derniers chiffres nous apprennent que le nombre de tués chez les cyclistes a atteint un triste record, jamais connu jusqu’alors. Certes, le confinement, puis le déconfinement ont laissé de plus en plus de place aux cyclistes et à la pratique du deux-roues. Mais dans quelles conditions ? Ce faisant, il serait facile de considérer que la pratique du vélo augmentant, il apparaît logique que le nombre de victimes de cette catégorie d’usagers augmente elle aussi. Je pense qu’au contraire, il faut regarder plus en détail. Allez voir sur quels types de réseaux ces cyclistes sont tués. À Paris, comme dans de nombreuses autres villes, l’augmentation de la pratique du vélo s’est accompagnée d’aménagements anarchiques, souvent dépourvus de toute considération sécuritaire, entraînant une confrontation difficile pour ne pas dire dangereuse des différents usagers. Vouloir pousser les voitures hors des villes et imposer le vélo est une chose, ne pas réfléchir à l’exposition des usagers vulnérables au risque d’accident en est une autre. Nos politiques doivent le savoir et doivent l’anticiper, faute de quoi, ils seront responsables.
Il y a quelques jours, je plaidais encore pour l’une de mes clientes, âgée de 20 ans, lourdement handicapée à la suite d’un accident survenu à Paris alors qu’elle circulait à vélo. Dans ce dossier comme dans tant d’autres, les infrastructures pouvaient être directement mises en cause.
Il est donc impératif de mettre les deux-roues non autorisés et l’ensemble des usagers vulnérables au cœur de la politique de sécurité routière, de les considérer comme des usagers à part entière ayant des droits, mais également des devoirs. »